Jadéite Catégorie IX : silicates
Jadéite brute, Myanmar
Général
Formule brute	NaAlSi2O6 ou Na (Al, Fe3+) Si2O6
Identification
Couleur	Variable, fréquemment différents tons de vert.
Classe cristalline et groupe d'espace	prismatique 2/m C2/c
Système cristallin	monoclinique
Réseau de Bravais	centré C
Clivage	{110} bon
Fracture	irrégulière, esquilleuse
Éclat	vitreux, subvitreux
Éclat poli	gras
Propriétés optiques
Trait	Blanc
Transparence	Opaque à translucide
Autres propriétés
Densité	mesurée : 3, 24-3, 43 calculée : 3, 33
Caractères différentifs
Principales variétés

La jadéite est un minéral de la famille des silicates, classe des inosilicates, groupe des pyroxènes dont la composition chimique parfaite est NaAlSi₂O₆. C'est un minéral typique d'un métamorphisme de haute pression et basse température.

C'est le plus rare des deux minéraux recouvrant l'appellation jade, l'autre étant la néphrite.

Inventeur et étymologie

Alexis Damour décrit et appelle la jadéite en 1863^[1] après avoir observé une variété de jade dont la composition différait radicalement de celle d'une autre variété qu'il avait étudiée en 1846 (i. e. néphrite) et identifiée comme appartenant à la famille des trémolites^[2].

Les noms jade, jadéite et néphrite ont la même origine : lapis nephriticus est l'équivalent latin de l'espagnol piedra d'ijada, c'est-à-dire pierre du flanc, en référence à son utilisation par les peuples mésoaméricains pour guérir divers maux internes, dont les problèmes néphrétiques^[3].

Apparence, propriétés physiques

La jadéite ne cristallise que rarement en petits cristaux prismatiques bien constitués. Elle se trouve le plus fréquemment sous forme d'agrégats finement ou micro grenus, ou en masses cryptocristalline compactes avec une structure quelquefois fibreuse.

C'est un minéral dense (3, 24 à 3, 43) et dur (6 à 7 sur l'échelle de Mohs). Il est particulièrement tenace, en particulier dans sa forme compacte. La cassure est irrégulière et esquilleuse. Le clivage est bon en {110}.

La jadéite est allochromatique : pure, elle est théoriquement transparente, incolore. Dans les faits elle est translucide, blanche ou gris pâle, à cause des impuretés et de défauts dans le réseau cristallin. La jadéite d'une grande pureté est rare. Le plus souvent elle est presque opaque et colorée par certains métaux de transition présents sous forme de traces : Fer essentiellement, Titane, Chrome, Manganèse... La couleur la plus fréquente est le vert, du plus clair au plus sombre. Plus rarement, d'autres teintes sont envisageables : vert-bleu, bleu, rose-violet, pourpre, brun-orange... Son éclat est vitreux ou subvitreux, un peu nacré quand la structure est fibreuse, perlé sur le clivage, gras sur les faces polies. Sa trace est blanche.

Cristallochimie

La jadéite est un silicate de la classe des inosilicates, groupe des clinopyroxène. Sa structure est un assemblage de chaines simples illimitées dont le motif est une combinaison de deux groupements tétraédriques [SiO₄]^4-. Chaque tétraédre partage deux atomes d'oxygènes avec ses voisins, le rapport Si/O est de 1/3. Chaque complexe [ (SiO₃) ₂]^4- est associé à un gros cation, Na⁺, et un cation moyen, Al³⁺. La jadéite pure, NaAlSi₂O₆, est rare. On observe le plus souvent une faible substitution de Al³⁺ par Fe³⁺. Sa formule cristallochimique peut s'écrire Na (Al, Fe³⁺) (SiO₃) ₂ ou simplement Na (Al, Fe) Si₂O₆. On peut aussi trouver des traces de Cr, Ti, Mn, Mg, Ca, K, H₂O. Ce sont les cations dérivés de certains métaux de transitions (Fe²⁺ et Fe³⁺, Cr³⁺, Ti³⁺, Mn²⁺... ) présents en faible quantité qui sont responsables des colorations allochromatiques de la jadéite.

La jadéite peut former des solutions solides avec d'autres clinopyroxènes. C'est le pôle sodique des séries constituées avec le diopside et l'augite, pôles feromagnésiens et cacliques. Les compositions intermédiaires sont les omphacites. Elle forme aussi des solutions avec d'autres clinopyroxènes sodiques comme l'ægirine (NaFeSi₂O₆) ou le kosmochlor (NaCrSi₂O₆).

Cristallographie

La structure de la jadéite, comparable à celle du diopside, caractéristique des pyroxènes, est connue depuis les travaux de Prewitt et Burnham en 1966^[4].

Elle appartient à la famille cristalline monoclinique, à la classe cristalline prismatique (holoédrie) 2/m et au groupe d'espace C2/c. Des chaines de motif [ (SiO₃) ₂] parallèles à l'axe c sont reliées par des couches de Na et Al coordonnés avec O. Na est octocoordonné dans des sites polyédriques irréguliers proches d'un cube et Al est hexacoordonné dans des sites octaédriques.

Paramètres de la maille : a = 9, 418 Å, b = 8, 562 Å, c = 5, 219 Å, ß = 107, 58 °, Z = 4.
Distances cation-oxygène moyennes : Si-O = 1, 623 Å, Al-O = 1, 928 Å, Na-O = 2, 469 Å.

Les cristaux, prismatiques et allongés, sont rares. La jadéite est le plus souvent cryptocristalline.

Galerie

Hache néolithique en Jadéite - Colomiers - Muséum de Toulouse

Bloc non transformé de jadéite et statuette en jadéite polie

Masque de jadéite olmèque

Boutons antiques en jadéite réalisés à la main (Chine)

Notes et références

Bibliographie

Articles et ouvrages cités :

• Alexis Damour, «Notice et analyse sur le jade vert. Réunion de cette matière minérale à la famille des Wernerites», dans Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, vol.  56, 1863, p.  861-865 [ texte intégral ] 

• Alexis Damour, «Analyse du jade oriental, réunion de cette substance à la Trémolite», dans Annales de chimie et de physique, 3^e série, vol.  16, 1846, p.  469-474 [ texte intégral ] 

• (en) Elizabeth Kennedy Easby, Pre-Columbian Jade from Costa Rica, André Emmerich Inc., New York, 1968 

• (en) Prewitt, C. T. et Burnham, C. W., «The crystal structure of jadeite, NaAlSi2O6», dans American Mineralogist, Mineralogic Society of America, vol.  51, juillet 1966, p.  956-975 [ texte intégral ] 

Autres sources :

• (en) Kim Be Howard, «Jadeite», dans Gemmology Canada, Canadian Institute of Gemmology, (ISSN 0846-3611) [ texte intégral ] 

Annexes

Liens externes

• Structure de la jadéite en 3D sur webmineral. com

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